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Andrée Geulen

Elle a changé leur vie

La résistante Andrée Geulen-Herscovici a été faite citoyenne d'honneur d'Ixelles pour le courage exemplaire dont elle a fait preuve durant la guerre 40-45. C'était le moins que l'on pouvait faire pour célébrer cette femme d'exception qui a fêté ses 100 ans le 6 septembre 2021.

En 1942, alors institutrice dans une école bruxelloise - elle a 21 ans - Andrée Geulen assiste aux premières mesures discriminatoires à l'égard des citoyen·ne·s jui·f·ve·s : elle voit avec horreur arriver dans sa classe des enfants portant une étoile jaune au revers de leur veste. Andrée demande aux parents de ne pas leur mettre l'ignoble insigne, mais ils ont peur des représailles. Elle dit alors aux enfants de le recouvrir d'un tablier.

Un jour, des élèves manquent à l'appel ; la jeune institutrice comprend immédiatement ce que cela signifie et décide de tout faire pour protéger les enfants des rafles. Durant le congé de Pentecôte 1943, en pleine nuit, des soldats allemands font une descente dans l'internat de l'école Gatti de Gamont où elle loge et enseigne : les enfants juifs cachés dans l'établissement sont arrêtés. Les enseignant·e·s sont interrogé·e·s, la directrice Odile Ovart et son mari sont arrêtés et déportés ; ils mourront tous deux dans un camp de concentration. Andrée, elle, échappe au pire, mais ne cesse pas son combat pour autant. Cette nuit-là, elle va alerter les autres familles juives pour leur dire de ne plus envoyer leurs enfants à l'école.

Résistance et clandestinité

Andrée rejoint la section "enfance" du réseau de résistance CDJ (Comité de Défense des Juifs) et plonge dans la clandestinité, aux côtés de 11 autres femmes. Le CDJ s'est donné pour mission de sauver un maximum de mômes, dont certains ont moins d'un an: les enfants sont emmenés par l'institutrice loin de chez eux, ils reçoivent une nouvelle identité, une famille d'accueil ou trouvent refuge dans des pensionnats complices. Cette chaîne solidaire, dont Andrée est un maillon important, permettra à environ 3.000 enfants d'échapper au sort funeste qui les attend. Andrée en accompagnera personnellement plus de 300 !

Après la guerre, elle reprendra des études pour devenir assistante sociale. Elle fera sans relâche, le trajet en sens inverse, pour permettre aux enfants de retrouver leur famille. Beaucoup d'entre eux ne reverront hélas jamais leurs parents... En 2013, Andrée Geulen se remémorait le déchirement que cela représentait : "il fallait arracher les enfants des bras de leurs parents sans pouvoir leur dire où nous les emmenions. C'était terrible, mais nous n'avions pas le choix, pour leur sécurité".

Ce courage exceptionnel et ce sens de la justice étaient sans doute inscrits dans l'ADN d'Andrée Geulen : à 15 ans déjà, en pleine guerre d'Espagne, l'adolescente participait à l'aide aux enfants de républicains réfugiés en Belgique ! Et tant que sa santé le lui a permis, la nonantaine passée, elle continuait à témoigner, encore et encore : "pour éviter que cela ne recommence avec d'autres enfants, d'autres religions", pour "combattre le racisme d'aujourd'hui", comme elle avait combattu celui d'hier.

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Dernière modification : 2022-04-26 09:13:03